Eric Chevillard - Le désordre AZERTY.


Il est un mot que l'on doit absolument proscrire des articles ou des critiques sur un livre sous peine de passer pour le dernier des cons; un mot a ce point galvaudé, piétiné, privé non pas de son sens mais bien de son expressivité ;  bref un mot à faire fuir le client ou le chaland... c'est JUBILATOIRE. 
Parce que aujourd'hui sont considérées comme jubilatoire  des histoires du genre d'un vieux qui ne veux pas qu'on lui fête son anniversaire ou encore d'autres qui me sont totalement inconnues mais qui présentent sur la couverture de pauvres félins affublés de bonnets péruviens !

Et c'est bien dommage parce que  pour le livre qui me préoccupe maintenant c'est exactement cela. 
Comme le dit mon copain le Grand Robert, je me réjouis vivement  (de qqch.),ma joie est vive, expansive, exubérante.
Ah que j'aimerais en plus pouvoir utiliser ces "émoticônes" que l'on trouve partout sur les forums ... mais ça non plus c'est totalement prohibé sous peine de passer comme le dirait mon pote Céline pour un con de jubileur !
Oui je jubile mais je n'ai pas le droit de le dire parce qu'un con de fakir  enfermé dans une armoire m'en empêche !
Tans pis, essayons de faire passer cette jubilation par d'autres mots.
Le désordre AZERTY est un livre pétillant, pétrit d'intelligence , c'est un réconfort de l'âme autant qu'une source d'exercice pour les zygomatiques. 
Vous me rétorquerez qu'il n'y a là rien d'exceptionnel, c'est un livre signé Chevillard...et je vous donnerez raison.
Oui, Eric Chevillard signe une sorte d' autoportrait sous forme d'abécédaire.
Bien évidemment l'ordre des lettres a été bouleversé, il en résulte une succession de textes qui résonnent comme autant d'exercices d'improvisations autour des mots, ce qui permet à Chevillard ou tout au moins l'auteur qui se cache sous ce nom là de montrer l'étendue de son talent, sans céder au tour de force !  
Chevillard on le sait est un digne continuateur d'écrivain comme Michaux ou encore Bettencourt, un écrivain qui met l'imagination au pouvoir coûte que coûte et c'est donc sous ces auspices là que nous nous trouvons, dans ce mélange toujours surprenant de drôlerie de poésie et d'inventivité.
On retrouve ça et là les traces d'une sensibilité qui semble toute nouvelle, comme si Chevillard avait - la cinquantaine arrivant - trouvé une sorte d'apaisement, des émotions nouvelles qui viennent alimenter ces textes, apportant de fait des nouvelles promesses...

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