Stanislas Rodanski

C'est toujours très difficile pour moi de parler de poésie, j'ai le sentiment de me mettre à nu plus que je le voudrais (dis moi qui tu lis je te dirais qui tu es). La poésie fait appel à ces choses les impalpables et secrètes, ces petits mystères en nous que l'on cache.
Pourtant j'ai besoin de partager ce poème de Rodanski paru dans Je suis parfois cet homme (Gallimard) qui regroupe un ensemble inédit de ce poète noir, figure fulgurante du surréalisme de la seconde moitié du vingtième siècle.
Je n'en dirai pas plus, le poème parle pour lui, si ce n'est qu'il entre dans une anthologie permanente  des poètes en partance à l'instar de Baudelaire, le Rimbaud du Bateau ivre, Louis Brauquier, Kenneth White et j'en passe.



AVENTURIER

Certains me croient un conquérant
et voient en mes yeux l'extase des guerriers jeunes
Je suis celui qui s'enfuit et ne revient jamais
Et je suis celui qui demeure

Chevalier errant du temps perdu
Je campe en des territoire prohibés
Je suis un chasseur solitaire
Mes proies sont nombreuses et fugitives
Je les traque en des jungles sous-marines
Parmi les fleurs aiguës du givre et de l'écume

Et je voyage pour des quêtes périlleuses
La piste de la nuit me guide
Jusqu'en des ports de legende
Où résonne l'appel des lointains nordiques
Et je pars 

Passagers d'un navire illusoire 
Vers les ultimes mers de la nuit
Le cap à l'infini

Michael Kenna

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